Je
m'appelle Patrice RADIGUET, je suis né le 6 novembre 1955 et
j'ai actuellement 52 ans ; malgré les oracles et les " bien
pensants ", j'ai toujours mes 10 doigts.
Je suis atteint d'un handicap visuel sévère
; ma culture, à moi, c'est l'écriture Braille et cela
ne m'a pas empêché d'apprendre aux aveugles à voler
en haute altitude.
Casse-cou, certainement pas... Ceux qui m'ont ainsi taxé ne m'ont
jamais regardé vivre, et c'est tant pis pour eux ; comme le dit
Philippe MEYER " Un héros, c'est quelqu'un qui fait ce qu'il
peut, les autres ne le font pas !" et mes vrais amis connaissent
la différence.
Jusqu'ici, ma vie fut d'une richesse exceptionnelle
et, malgré mon handicap visuel, j'ai amassé le trésor
de bien plus d'expériences que la plupart de mes contemporains
valides. Malgré cela, je reste un être commun : pareil
à vous tous ; je cherche mon chemin tous les jours car l'expérience
est surtout une lanterne éclairant le chemin qui est dans notre
dos.
Pour moi, la vie est un va et vient continu entre
deux pôles, non pas contradictoires et antagonistes, mais opposés
et complémentaires. L'un dit qu'il faut conserver (voire consolider)
des acquis chèrement conquis (ceux de l'autonomie, par exemple)
et donc, ne pas s'endormir en laissant faire par les autres ce que l'on
peut faire soi-même. L'autre dit que, seul, je ne suis rien. "
Animal social ", je n'existe que par le réseau que j'entretiens
avec mes semblables ; ma faiblesse est leur force ; ma force est leur
faiblesse ou, comme le disait déjà le poète et
philosophe chinois LAO TSEU 6 siècles avant Jésus Christ
: "Le dur et rigide, servent la mort, le souple et le faible, la
vie".
Je suis monté en haut des cimes et suis
descendu au fond des gouffres. J'ai exploré l'Eau, la Terre et
l'Air ; le feu reste à conquérir. Thérapeute, j'ai
plongé au fond de l'âme humaine tout comme j'ai ausculté
les moindres vibrations des moteurs lorsque j'étais mécanicien.
Tout cela m'a été possible parce que des amis, des compagnons
m'ont permis de partager avec eux ces aventures. Seul, beaucoup d'entre
elles m'auraient tout bonnement été inaccessibles. Mais
j'ai su, avant tout, faire les choses pour le plaisir qu'elles m'apportaient,
et non dans un quelconque esprit de conquête ou de compétition
; je n'ai jamais rien eu à prouver.
Eternel chercheur, je suis surtout amoureux de
la Vie ; elle seule ne m'a jamais déçu. Perpétuelle abeille
butinant de çà, de là, allant de fleur en fleur
j'ai souvent impulsé des idées et ai su les coordonner
pour les amener à leur terme ; mes amis et mes proches ont été
nombreux à m'aider dans leur réalisation. Je me suis parfois
trompé, et j'ai surtout beaucoup douté ; le miel qui en
coule est riche de tous ses sucs, mais aussi de mes incertitudes. Lorsqu'une
pensée s'impose à moi, je la regarde droit dans les yeux.
Si elle soutient mon regard, je la suis, c'est tout et c'est simple.
Jusqu'à présent, la vie n'a rien exigé de moi.
Elle ne m'a proposé que de vivre et je l'ai écoutée
; c'est le meilleur conseil qu'elle m'a jamais donné.
C'est de savoir que les choses ont un prix qui donne leur valeur aux
choses ; c'est de savoir que la vie finira qui donne à la vie
tout son sens.
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